Les poubelles
Les bacs bleu et vert, ça vous dit quelque chose ? Ah, c’était le bon temps ! On fourrait nos sacs dans l’une et dans l’autre, on jetait les cartons, les journaux, les packs de lait. Simple. Limpide.
Au Japon, mes amis, les poubelles sont une toute autre histoire et s’en occuper constitue un travail à part entière auquel il faut s’atteler à chaque instant, en guettant le moindre écart. Pour que vous me compreniez, je vous explique la corvée dans les grandes lignes. D’abord, il y a deux catégories de déchets : les combustibles et les non-combustibles. Facile me direz-vous, mais le plastique par exemple, je le considère comment ? Il se brûle, c’est vrai, mais que penser des fumées toxiques qu’il dégage ? Ah, on fait moins les malins quand on se met à réfléchir à l’impact de la combustion de tel ou tel objet sur la santé. Mais passons. Ici, une fois par semaine, la mairie installe de grands bacs dans les rues : on y range les canettes accumulées et broyées à la main, les bouteilles en plastique, sans capuchon ni papier, et tout ce qui est en verre – bouteilles, pots, flacons. Et le papier alors ? Vous le sortez un jour donné, bien empaqueté. Vos cartons sont aplatis et reliés par une ficelle, les journaux itou (et quand il pleut, il est bien vu de les couvrir avec un plastique). Après plus d’un an à se régime, j’ai les poignets drôlement assouplis et les muscles bien raffermis.
Quant à ceux qui s’imaginent pouvoir gruger les éboueurs, ils ne savent pas quel retour de bâton les attend. Les sacs étant transparents, il est facile de savoir si une bouteille en verre a malencontreusement (!) été glissée parmi les déchets combustibles. En signe de réprimande, votre poubelle ne sera pas emmenée et elle restera pourrir devant votre porte avec un autocollant rageur (mais pédagogique sur le tri citoyen) jusqu’à ce que vous y fassiez vous-même le ménage. Un ami en a fait la douloureuse et odorante expérience : à présent, croyez-moi, il sait à quoi s’en tenir avec les ordures !