Attention : dangereux !
Avec sa conduite à la parisienne, elle slalomait entre les véhicules, sûre d’elle et de son bon droit à devancer les uns et les autres, sans façons ni prudence. Voilà une voiture qui n’apprécie guère ses manières et lui grille la politesse. Une queue de poisson ? Autre chose ? Qu’importe ! Notre kakou commence à bouillir, elle rejoint les chauffards à un feu et s’empresse de cogner les portières en hurlant une belle bordée d’injures (en français). Quelle imprudence ! Mais pourquoi donc n’a-t-elle pas repéré plus tôt les vitres teintées qui se baissent doucement et laissent apparaître les visages de… yakuza. Stupeur et tremblements. Notre conductrice bredouille de pauvres excuses et s’esquive aussitôt sans demander son reste. Trop tard. Elle est prise en chasse par la voiture qui la poursuit dans tout Tokyo. De peur, elle se réfugie au koban espérant de l’aide. Peine perdue. Devant quelques policiers impassibles, plusieurs hommes en noir l’attrapent par les cheveux et la traînent dehors où elle est rouée de coups et où l’on exige qu’elle donne sur le champ les noms des membres de sa famille et son adresse. On leur fera la peau, salope ! La demoiselle est ensuite abandonnée sur la chaussée, tremblante et terrorisée. Heureusement la menace ne sera pas mise à exécution mais notre conductrice restera durablement traumatisée. On la comprend.
Cette légende, qui circule entre expatriés, nous apprend qu’au Japon, il faut savoir mesure garder. Par ailleurs, on m’a expliqué que cette femme avait eu de la chance. Si elle avait été un homme, elle aurait probablement été tuée.