Gonpachi
Faut-il céder à l’appel des paillettes cinéphiles et pénétrer dans cette antre dont on murmure qu’elle aurait inspiré à Quentin Tarantino le décor du restaurant où se déroule cette scène époustouflante avec les crazy 88 dans Kill Bill ? Je craignais le toc et l’imposture, une ambiance surfaite, un coup commercial… A vrai dire, il y a un peu de cela dans cette immense salle en bois et aux boules de lumière qui tombent du plafond. Les serveurs parlent trop bien anglais et la clientèle touristique prend trop de photos en riant trop fort. Pour les puristes qui n’aiment rien tant que les auberges traditionnelles dont les menus ne sont qu’en japonais, le choc est sans doute à la mesure de la déception. Mais pour ma part, j’ai plutôt été séduite, insidieusement séduite. L’atmosphère légèrement factice, l’écran qui diffuse en boucle les images d’Uma Thurman, la vue panoramique qui s’offre depuis les balcons du premier étage sur les cuisiniers et les tables, la carte riche de mélanges étonnants – tempura au camembert et glace au sésame noir sur fondant au chocolat – le jeune responsable sud américain affreusement télégénique qui se souvient de chaque visage… tout cela contribue au charme de Gonpachi, un restaurant unique, qui fascine autant qu’il désoriente.
NB : Les vrais cinéphiles se rendront à « La jetée », bar du Golden Gai dont j’ai déjà parlé dans un précédent billet. Ravissement garanti, et en plus… la patronne parle français.