Le vélo (côté cycliste)
Avant, j’étais comme vous. Je me traînais misérablement sur mes deux jambes, klaxonnée régulièrement par des hordes de cyclistes manquant chaque fois de me renverser ou de me faire mourir d’une attaque. Mais depuis quelques temps, ha ! ha ! la peur a changé de camp ! J’ai un vélo ! J’ai donc pleinement pris possession de cette nouvelle liberté. A moi les sens interdits ! A moi les trottoirs ! A moi les feux que l’on grille allègrement ! Vous voyez l’autre zouave à la poupe du Titanic (en fait, je crois qu’il était plutôt à l’avant)… rallongez-lui les cheveux, collez-lui une bicyclette entre les jambes et transportez-le dans le Tokyo 2010 : c’est moi.
Mais aujourd’hui, comme cela arrive souvent ici, j’ai été durement rappelée à réalité. Je vous raconte l’histoire. Toute guillerette, je prends ce matin l’initiative de garer mon destrier non pas dans le parking réservé (et délimité au sol par une belle ligne blanche)… mais 10 cm en-dehors. Personne ne verra rien pensais-je alors naïvement. Quelle erreur ! Je reviens quelques minutes après : envolé le vélo. Je cherche partout, j’envisage la fourrière, un voleur, et bien sûr, j’atterris au koban (le fameux poste de police etc. etc. lisez-moi bon sang vous saurez de quoi il s’agit) où l’on m’informe qu’il faudra revenir avec mon numéro d’immatriculation. Dépitée, je prends le chemin de la maison mais quelque chose m’incite à retourner sur les lieux de la disparation (c’est mon côté détective). Je regarde attentivement tous les deux-roues bien alignés et devinez quoi ? Je retrouve le mien ! Il avait été déplacé et un bel autocollant rouge était enroulé sur son guidon, un papier sur lequel je lis : 3 000 yens / 5 000 yens. Une amende pensez-vous ? Non, un simple avertissement ! On me prévient que ça va pour cette fois-ci mais qu’à la prochaine incartade, il m’en coûtera cher. Ouf, j’ai eu chaud ! Comme quoi… même à vélo, la liberté au Japon a des limites. Je me le tiens pour dit.