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Si l’évocation de ce brave professionnel vous fait déjà frémir et même claquer des dents, venez donc rendre visite au mien. Vous changerez bientôt d’avis sur ce métier injustement dénigré.
Chez mon dentiste, on est accueilli par de charmantes demoiselles en blouse blanche ou bleue (je pense que la couleur dépend du poste : assistante dentaire ou simple secrétaire) dont on peut apprécier le sourire impeccable. Pour attendre, on vous installe dans de beaux fauteuils juste à côté d’un écran géant qui diffuse un film digne des pires films d’horreur et dans lequel on découvre tous les maux dentaires possibles et imaginables (même en japonais, on comprend). Les images sont fascinantes et surtout… elles vous confortent dans l’idée qu’il faut venir ici régulièrement. Bien joué doc’, tu as gagné une cliente fidèle !
On vient ensuite vous chercher et là… arghl… comment expliquer son souci dans la langue du pays ? Heureusement, à force de gestes on se fait comprendre. Le dentiste sort alors un livret qui explique tous les actes qu’il va pratiquer EN ANGLAIS ! Radio, pose de vernis, comblement d’une carie… tout est traduit. Et pour le cas où vous n’auriez pas compris, il allume son ordinateur et vous passe un petit film explicatif – court, mais clair.
Je vous passe le détail des soins. Je vous précise juste qu’il vous lave consciencieusement les dents avant de commencer et qu’il prend soin – pour les petits – de vous protéger avec un bavoir à motifs rigolos. Une amie m’expliquait que son dentiste va plus loin encore : pendant la consultation, il diffuse des dessins animés au plafond, ainsi le temps passe plus vite et de façon plus distrayante.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi, ça me donne envie de manger des bonbons.
Une amie débattait récemment avec un Japonais, lui expliquant, droite dans ses bottes, que les « Français travaillent pour vivre alors que les Japonais, eux, vivent pour travailler ». Et ma foi, je crois qu’elle touchait là une vérité bien ancrée dans la réalité.
Faisons quelques calculs : ici, il est mal vu de travailler moins de 11 heures par jour (attention, cela ne veut pas dire être productif sur toute cette durée, cela signifie être présent dans les locaux en faisant mine d’être débordé). Évidemment, on bosse 5 jours sur 7 minimum ce qui correspond à une semaine de 55 heures en moyenne, sans compter les temps de trajet. Quant aux vacances, 2 semaines vous sont généralement octroyées, mais pas question de les déposer toutes (vous seriez considéré comme un extra-terrestre).
Heureusement… travailler au Japon vous offre quand même un avantage sur tous les autres salariés du monde : les jours fériés. 15 au total chaque année ! Et lorsque l’un d’entre eux tombe un dimanche… il est aussitôt reporté au lundi. Franchement, c’est appréciable. Aujourd’hui, nous fêtions donc le jour de la Fondation de l’état. Le mois prochain, ce sera l’Equinoxe de printemps. Ce qui prouve qu’on peut aussi se la couler douce ici… hé hé à bon entendeur !
… comment l’as-tu trouvé ?
Eh bien ma foi, riche en surprises.
En pénétrant l’impressionnant Ryôgoku Kokugikan, j’imaginais qu’il fallait faire silence, se déplacer doucement et prendre des airs de supporter pensif et introverti. Évidemment, j’avais tout faux ! Dans ce stade, c’est la vie qui prend ses aises. On se balade avec un bébé qui braille sans risquer l’opprobe, on grignote une brochette de poulet grillé, on ajuste son fond de teint, on discute le bout de gras, on boit une bière que l’on ouvre grâce au décapsuleur individuel mis à disposition dans chaque boxe (véridique), on prend des photos bien sûr, avec flashes et tripodes. Bref, l’ambiance est carrément bon enfant.
Et les combats ? Rapides. 20 secondes en moyenne paraît-il. Certains semblent instantanés, d’autres paraissent s’étirer indéfiniment dans le temps. Choc de titans, tension maximum, suspense haletant. Oui, c’est un peu comme dans les séries noires sauf qu’on ne sait jamais qui va gagner à la fin. Dans ce sport sans pitié, chaque lutteur met en effet sa vie en jeu au cours d’un match qui durera moins d’une minute. Et les retournements de situation arrivent ! Dimanche, c’est le modeste Goeido (membre du dernier rang de la première division) qui a battu le yokozuna Hakuho. Le premier, par son courage exceptionnel, se verra octroyer une pension à vie. Le second, champion suprême en titre, a eu droit à une volée de coussins envoyés des quatre coins du stade.
Enfin, en dehors du combat lui-même, les âmes sensibles seront peut-être retournées par les rituels qui le précèdent, notamment le lancer du sel purificateur qui fait retomber une pluie de grains blancs sur les lutteurs et l’arbitre. L’image est magique !
Si vous êtes de ceux (suivez mon regard) qui réduisent l’art du Sumô à de gros bonshommes qui se mettent dessus, laissez-moi vous corriger sans délai : vous avez tout faux ! Non seulement il s’agit d’un sport qui demande à ceux qui le pratiquent une abnégation, une technicité et une force mentale inouïes, mais, parce qu’il est empreint de rituels shintoïstes, il est également l’un des représentants majeurs de la culture japonaise.
Hier, j’ai assisté à mon premier tournoi. Colossal !
PS : pour votre culture, chers lecteurs, je vous recommande « Mémoires d’un lutteur de sumô » de Kazuhiro Kirishima ainsi que les photos renversantes de Philippe Marinig.
Ah les cartes, ces petits sésames qui vous permettent d’acheter moins cher ! Ici, ils sont une institution. Tous les magasins en proposent, et tous les clients en disposent. Mais attention, hein, ce n’est pas comme en France. Inutile de remplir un questionnaire en trois exemplaires, et surtout, vous ne risquez pas d’être inondé de publicité qui vous rappellera combien vous avez de points disponibles en vous pressant de venir les utiliser. Au Japon, on vous fout une paix royale. C’est appréciable. En allant chez Peko par exemple, demandez votre « pointo cardo« , elle vous sera aussitôt remise sous forme d’un rectangle de carton à faire tamponner à chaque achat. Arrivé à un certain montant, paf ! la récompense tombe, sonnante et trébuchante : vous avez 500 yens à utiliser comme bon vous semble. Ce n’est pas énorme, d’accord, mais c’est simple, tangible et toujours apprécié. Le seul hic de l’affaire, c’est qu’à accumuler les cartes, vous portefeuille risque d’exploser. Moi par exemple, j’en ai de Kitchen Court, Eric Kayser, ABC Mart, Bic Camera, Tokyu Hands, 55 Station, Santoku, Lalaport… A force, j’ai du mal à m’y retrouver.
Il y a une semaine, une amie me disait avoir vu passer une voiture dont le haut-parleur semblait lancer des bordées d’injures. Sur ses portes, un panneau annonçait la couleur en ces termes délicats et choisis : dehors les étrangers ! Ce matin, le célèbre sumo Asashoryu annonçait sa retraite. Malgré son impressionnant palmarès, les Japonais qui ne lui auraient jamais pardonné ses origines mongoles et son style populaire – un désamour dont il a certainement souffert. Aujourd’hui pourtant, cette discipline perd un très grand champion : y aura-t-il un Japonais pure souche pour le remplacer ? Rien n’est moins sûr.
Si vous vous intéressez au Japon, vous avez certainement, comme moi, des images d’enfants affrontant la neige en simple t-shirt de coton. Education à la dure pour grandir fort et résistant. J’ai souvent pensé que cet entraînement était excessif et violent mais aujourd’hui, je me demande si ma mère n’aurait pas mieux fait de m’endurcir en me frottant vigoureusement le dos avec des glaçons.
En ce moment, croyez-le ou non, il fait entre 6 et 9° dans mon salon le matin. Et je ne vous parle pas de la salle-de-bain : une glacière. Il faut dire que les maisons japonaises n’ont généralement pas de radiateurs. Elles bénéficient au mieux d’une climatisation réversible (bonjour le coût) dans les pièces principales. La cuisine ? Les couloirs ? Les toilettes ? Tintin, rien.
Pour faire remonter le thermomètre, il faut faire feu de tous bois (si je puis dire) : acheter un tapis chauffant, faire de la soupe, dormir avec une bouillotte, prendre un bain brûlant… Mais, bien sûr, cela vaut surtout pour les étrangers. Les Japonais, eux, restent absolument stoïques. Les salarymen sortent en costume, sans manteau ni écharpe, et les filles vont à l’école jambes à l’air sous leur jupe plissée.
Pffff… désespérant.
Si vous aimez caresser les pierres porte-bonheur, boire de l’eau miraculeuse ou multiplier les voeux en tous genres, le Japon est le lieu où il faut être. Ce pays regorge de rites que chacun peut s’approprier très simplement. Aujourd’hui par exemple, il fallait chasser l’hiver pour faire venir le printemps en éloignant les démons à grands renforts de poignées de mame (graines de haricots) lancés d’un geste vif et convaincu. Vlan ! Naturellement, pour que votre action soit couronnée de succès, il est nécessaire de crier en même temps et d’une voix qui porte « Oni wa soto ! Fuku wa uchi ! ». Les démons dehors. Le bonheur dedans (la maison). Les puristes vous diront qu’il faut également manger autant de mame que vous avez d’années. La texture pâteuse de ces légumes secs n’étant pas vraiment de mon goût, je m’en suis tenue à trois ou quatre.
Misère, je suis déjà punie. Il neige.
En général, j’ai à coeur de terminer les livres que je commence. Par respect pour l’auteur et aussi par fierté – renier mes choix et puis quoi encore ? Seulement voilà, je me suis lancée dans ce premier ouvrage de Ryu Murakami et je n’ai pas réussi à le terminer. Considéré comme révolutionnaire et iconoclaste à sa sortie, il a déchaîné les passions par son érotisme violent et son écriture kaléidoscopique. Une énergie très sexe drugs and rock’n roll. Moi, au bout de quelques pages, je ne savais plus qui fourrait qui, où gisaient la seringue et les pilules du bonheur ou quel morceau passait sur la platine. Pourtant, j’aime cet auteur et j’admire ce livre extrême qui exprime toute l’ambition littéraire du jeune homme de 24 ans seulement qu’il était à l’époque.
Allez, j’essaie de le relire bientôt.
Avant destruction, l’ambassade de France au Japon a eu l’excellente idée d’ouvrir ses anciens locaux à de nombreux artistes issus de secteurs aussi divers que les arts visuels, l’architecture ou la mode. Les murs, les sols, le jardin, la façade, les cages d’escaliers, les couloirs et jusqu’aux toilettes, tout le bâtiment a ainsi été pris d’assaut par les rêves ou les cauchemars de créateurs contemporains.
Pour ma part, parmi la trentaine d’oeuvres mises en place, j’ai particulièrement aimé la transformation de la salle des communications confidentielles (blindée et réservée à de très rares privilégiés) en pièce absolument blanche, au plafond duquel pend une ampoule unique. Même ouvert à tous, c’est un peu comme si ce lieu de tous les secrets restait hermétiquement fermé. Froid et clos sur lui-même comme une chambre d’hôpital psychiatrique.
Autres coups de coeur : Agathe de Baillencourt, Monsieur Chat, Jef Aérosol, J. Jo et Takashi Nakashima.