Archive for décembre, 2009
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Voici une volupté japonaise, dont j’adore le rituel.
Tout d’abord, trouver le rideau rouge, celui qui indique l’entrée des filles.
Passer la porte et découvrir l’espace de toilette, l’alignement d’amples paniers qui accueilleront les vêtements, les miroirs embués et la balance qu’on n’utilisera pas.
Ouvrir enfin l’autre porte, celle qui donne sur le bain, et qu’on ne passera qu’une fois déshabillée.
De petits tabourets en plastique transparent ou rose sont placés devant les robinets en attendant nos fesses.
Douche chaude, shampoing doux et savon itou.
Plonger enfin dans l’eau brûlante à raison d’un petit orteil pour les plus sensibles et jusqu’au cou pour les plus courageuses. Ouille ! ouille ! ouille !
Et soudain, au bout de la jetée, le Rainbow Bridge piqué d’innombrables lumières multicolores et des gerbes d’eau jaillissant de la mer, sur fond de nuit tombante et de musique symphonique. Sur un écran aquatique se reflètent notre belle planète bleue, légèrement flageolante, des champs de tournesols ou un envol d’oiseaux. Les spectateurs saisis se taisent.
Joyeux Noël !
Ce qu’il y a de formidable ici, c’est qu’on ne vous laisse jamais en rade.
Vous avez envie d’un journal qui stimule votre imagination de garçon prépubert, d’un manchon de poulet frit ou d’un paquet d’algues à 3h00 du matin, hop ! faites un saut au combini – l’un de ces « convinience stores » à l’américaine ouverts 24h/24 – vous serez satisfait dans la minute. Franchement, ça dépanne et les prix ne sont pas astronomiques.
Seulement voilà, les Lawson, 7-Eleven ou Family-Mart, il y en a beaucoup mais pas partout. Quand vous avez envie d’une boisson chaude sur le bord du quai, allez-vous sortir de la gare pour trouver le combini le plus proche, au risque de rater votre train que vous savez forcément ponctuel (en France, on peut toujours tabler sur une bonne dizaine de minutes de retard) ? Que nenni ! Mon conseil : filez au distributeur, vous y trouverez tout ce que vous voulez. Moi j’y achète :
– des boissons fraîches – dont le fameux Fanta au raisin,
– des thés, cafés ou citronnades chauds,
– des biscuits et des brioches,
– des glaces en cône ou en gaufrette,
– des barquettes de poulet frites ou de nouilles sautées…`
Franchement, ça dépanne et les prix ne sont pas astronomiques. En plus, ces engins vous mènent de surprise en surprise et vous n’êtes jamais déçu. Ainsi, si j’avais malencontreusement fait tomber ma culotte dans le onsen aujourd’hui, j’aurais pu acheter un slip à 400 yens dans un distributeur. Bien vu, non ?
(Mauvais esprits, passez votre chemin, ce sujet est très sérieux.)
Lorsque je suis allée en Chine, il y a quelques années, j’avais été surprise par le mode d’accès aux services de douanes. Au lieu de se ranger bien comme il faut (ou même légèrement de travers), les passagers se ruaient vers les guichets en jouant des coudes, des hanches et des pieds, peu importe que vous soyez enfant, future maman ou pauvre handicapé. Le plus fort faisait sa loi et vous aviez intérêt à appliquer le même système pour avancer. Vous vous en doutez, ce chacun pour soi et on fonce dans le tas n’a pas cours ici. Au Japon, on fait la queue. Partout. Tout le temps.
Vous voulez acheter un ticket ? Faites la queue.
Vous avez un besoin pressant ? Faites la queue.
Vous souhaitez traverser la route ? Faites la queue.
Et le pire, c’est que même lorsqu’il n’y a personne devant vous, vous devez quand même faire la queue. Au restaurant par exemple, pas question de vous installer de votre propre initiative à une table libre. Il faudra attendre que l’on vous place en amorçant un semblant de rang. C’est comme ça.
Enfin, sachez que la queue attire la queue. En effet, entre un lieu bondé et un autre vide, vous choisirez le premier, quitte à attendre une heure. Allons, allons, patience…
Pour célébrer la nuit la plus longue et se préparer à l’arrivée d’une saison frigorifique, les Japonais ont coutume de prendre un bain dans lequel ils plongent quelques yuzus, ces agrumes odorants qui ensoleillent l’atmosphère et parfument délicatement la peau. Ils dégustent ensuite du potiron, cuit dans un bouillon agrémenté de soja et de saké.
Ce soir, c’est dit, je respecte la tradition.
Je ne sais pas comment vous faites, mais moi, en hiver, j’ai toujours la goutte au nez. Du coup, je me balade avec d’innombrables paquets de mouchoirs dans les poches, sans compter les kleenex usagés que je me refuse à jeter à terre et qui attendent patiemment la vue d’une poubelle (bizarrement, il y en a très peu dans les rues).
Les Japonais, eux, ne se mouchent jamais.
Leur nez fonctionnerait-il différemment du mien ?
Ont-ils un talent particulier à retenir ce qu’il y a à retenir ?
Utilisent-ils une technique ultra-discrète apprise de leurs ancêtres ninjas ?
Mystère de la nature. Histoire de culture…
Ce que je sais (par une amie bien informée), c’est qu’ils sont nombreux à se rendre le matin chez l’ORL pour se faire aspirer le conduit nasal à l’aide d’un petit tuyau du genre à récupérer la salive chez le dentiste.
Rien à redire, c’est pratique.
Si je vous donnais mon adresse, vous pourriez bien sûr m’écrire mais pour arriver chez moi… ce serait une toute autre affaire. Ha ! ha ! Dans un an, vous y seriez encore. Il faut dire qu’ici, à part les postiers et la police, personne n’est capable d’identifier un lieu à partir d’une donnée… cadastrale. Du coup, on fonctionne beaucoup avec des plans, des cartes ou de petits croquis. On se donne aussi rendez-vous à la station de métro, mais attention, à Ikebukuro par exemple il y a 43 sorties. Il faut être précis dans ses indications ! Tiens, histoire de vous donner un exemple concret, je vous explique comment vous rendre chez mon médecin : descendez à Kojimachi, prenez la sortie 1, tournez à droite après le koban, traversez au passage pour piétons, c’est au 2ème étage au-dessus de la pizzeria. Fastoche je vous dis ! (Je peux aussi vous communiquer son adresse, mais dans ce cas, évitez d’y aller en cas d’appendicite aiguë… vous vous retrouveriez raide mort avant d’avoir trouvé – trop bête !)
Les taxis japonais ont des coquetteries de maisons belges.
Les sièges sont en effet recouverts de jolies housses en dentelle blanche, du genre à décorer les accoudoirs du salon plutôt qu’à égayer l’intérieur d’une berline verte. A vrai dire, ces protège-banquette, on n’ose à peine y rouler la tête de peur d’y laisser quelques cheveux, on s’y tient donc droit comme la justice.
Le chauffeur, lui, porte souvent des gants, il ressemble à un majordome de grand hôtel. Il parle peu, mais ose, lorsqu’il comprend que vous êtes français, dire les quelques mots qu’il connaît dans notre langue.
Tout à l’heure, l’un d’entre eux m’a dit « je t’aime » et « merci » – pas désagréable à entendre, ma foi !
Je lisais récemment un article qui expliquait qu’on pouvait évaluer le moral d’un pays à la longueur de ses jupes. Dépression, baisse de régime, coup d’état : elles plongent au ras du sol, frôlent les chevilles et s’abîment dans la poussière. En période faste en revanche : les minis refont surface et les gambettes se dévoilent.
Cette théorie intéressante, si elle était appliquée au Japon, signifierait que le pays traverse une incroyable période de prospérité. Vous l’avez compris, à chaque coin de rue on se heurte à des demoiselles dont on ne sait plus si elles portent une jupette ou pas, puisqu’on ne voit que leurs jambes, à peine recouvertes d’un bout de pull ou de chemise. Une croissance nulle ayant été annoncée par le gouvernement pour la période s’étalant d’avril 2009 et mars 2010, vous imaginez ma perplexité.
Quand les chiffres seront meilleurs, les Japonaises pourront-elles faire plus court ?
Un garçon bégueule de ma connaissance me demandait si j’allais trouver 365 sujets Japon pour alimenter mon blog durant une année (oui, ça fait un billet par jour, vous savez encore compter). Mais comment, lui ai-je rétorqué, moi à cours d’inspiration ? Dans ce pays ? Dans cette métropole ? Impossible ! Il suffit d’ouvrir les yeux pour voir l’originalité, la poésie, l’étrangeté ou le paradoxe. Tenez, hier encore j’étais à Ueno où je vois des corbeaux, je me dis « tiens, un bon sujet pour ahrizgateau » (les animaux dans la ville, leur symbolique, le lien avec le héros de Kafka sur le rivage… voyez le genre). Aujourd’hui en revanche, j’ai fait des yakisobas et j’ai pensé « zut, j’ai déjà évoqué ce plat culte, va falloir que je me mette à l’omelette au riz ». Bref, tout ça pour dire que je m’engage à faire tous les efforts pour partager 365 petits étonnements liés à ma vie d’ici, de la cuisine au jardinage en passant par la littérature, les chats sauvages, les poubelles ou les faits divers (sans parler des toilettes).
Pari tenu ?