Archive for février, 2010
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Il y a une semaine, une amie me disait avoir vu passer une voiture dont le haut-parleur semblait lancer des bordées d’injures. Sur ses portes, un panneau annonçait la couleur en ces termes délicats et choisis : dehors les étrangers ! Ce matin, le célèbre sumo Asashoryu annonçait sa retraite. Malgré son impressionnant palmarès, les Japonais qui ne lui auraient jamais pardonné ses origines mongoles et son style populaire – un désamour dont il a certainement souffert. Aujourd’hui pourtant, cette discipline perd un très grand champion : y aura-t-il un Japonais pure souche pour le remplacer ? Rien n’est moins sûr.
Si vous vous intéressez au Japon, vous avez certainement, comme moi, des images d’enfants affrontant la neige en simple t-shirt de coton. Education à la dure pour grandir fort et résistant. J’ai souvent pensé que cet entraînement était excessif et violent mais aujourd’hui, je me demande si ma mère n’aurait pas mieux fait de m’endurcir en me frottant vigoureusement le dos avec des glaçons.
En ce moment, croyez-le ou non, il fait entre 6 et 9° dans mon salon le matin. Et je ne vous parle pas de la salle-de-bain : une glacière. Il faut dire que les maisons japonaises n’ont généralement pas de radiateurs. Elles bénéficient au mieux d’une climatisation réversible (bonjour le coût) dans les pièces principales. La cuisine ? Les couloirs ? Les toilettes ? Tintin, rien.
Pour faire remonter le thermomètre, il faut faire feu de tous bois (si je puis dire) : acheter un tapis chauffant, faire de la soupe, dormir avec une bouillotte, prendre un bain brûlant… Mais, bien sûr, cela vaut surtout pour les étrangers. Les Japonais, eux, restent absolument stoïques. Les salarymen sortent en costume, sans manteau ni écharpe, et les filles vont à l’école jambes à l’air sous leur jupe plissée.
Pffff… désespérant.
Si vous aimez caresser les pierres porte-bonheur, boire de l’eau miraculeuse ou multiplier les voeux en tous genres, le Japon est le lieu où il faut être. Ce pays regorge de rites que chacun peut s’approprier très simplement. Aujourd’hui par exemple, il fallait chasser l’hiver pour faire venir le printemps en éloignant les démons à grands renforts de poignées de mame (graines de haricots) lancés d’un geste vif et convaincu. Vlan ! Naturellement, pour que votre action soit couronnée de succès, il est nécessaire de crier en même temps et d’une voix qui porte « Oni wa soto ! Fuku wa uchi ! ». Les démons dehors. Le bonheur dedans (la maison). Les puristes vous diront qu’il faut également manger autant de mame que vous avez d’années. La texture pâteuse de ces légumes secs n’étant pas vraiment de mon goût, je m’en suis tenue à trois ou quatre.
Misère, je suis déjà punie. Il neige.
En général, j’ai à coeur de terminer les livres que je commence. Par respect pour l’auteur et aussi par fierté – renier mes choix et puis quoi encore ? Seulement voilà, je me suis lancée dans ce premier ouvrage de Ryu Murakami et je n’ai pas réussi à le terminer. Considéré comme révolutionnaire et iconoclaste à sa sortie, il a déchaîné les passions par son érotisme violent et son écriture kaléidoscopique. Une énergie très sexe drugs and rock’n roll. Moi, au bout de quelques pages, je ne savais plus qui fourrait qui, où gisaient la seringue et les pilules du bonheur ou quel morceau passait sur la platine. Pourtant, j’aime cet auteur et j’admire ce livre extrême qui exprime toute l’ambition littéraire du jeune homme de 24 ans seulement qu’il était à l’époque.
Allez, j’essaie de le relire bientôt.
Avant destruction, l’ambassade de France au Japon a eu l’excellente idée d’ouvrir ses anciens locaux à de nombreux artistes issus de secteurs aussi divers que les arts visuels, l’architecture ou la mode. Les murs, les sols, le jardin, la façade, les cages d’escaliers, les couloirs et jusqu’aux toilettes, tout le bâtiment a ainsi été pris d’assaut par les rêves ou les cauchemars de créateurs contemporains.
Pour ma part, parmi la trentaine d’oeuvres mises en place, j’ai particulièrement aimé la transformation de la salle des communications confidentielles (blindée et réservée à de très rares privilégiés) en pièce absolument blanche, au plafond duquel pend une ampoule unique. Même ouvert à tous, c’est un peu comme si ce lieu de tous les secrets restait hermétiquement fermé. Froid et clos sur lui-même comme une chambre d’hôpital psychiatrique.
Autres coups de coeur : Agathe de Baillencourt, Monsieur Chat, Jef Aérosol, J. Jo et Takashi Nakashima.