Archive for août, 2010
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Chers visiteurs occasionnels, chers lecteurs fidèles (deux ou trois bons copains désoeuvrés), chère maman… je suis au regret de vous annoncer que ce blog prend fin aujourd’hui. En effet, rentrée en France cet été, je ne saurais continuer mes chroniques japonaises sans l’apport inestimable de l’expérience de terrain. Comment raconter la texture du sashimi de langue de baleine, l’usage du mégaphone dans les jardins d’enfants ou l’enfer de la yamanote aux heures de pointe sans l’avoir vécu ? Impossible, vous dis-je, cela sonnerait aussi faux que ma voisine sous sa douche. Heureusement, pour ceux que cette annonce désolerait, sachez qu’il vous reste encore une chance de faire revivre ahrizgateau, ce haut-lieu de récits épiques et pittoresques. Pour quelques millions de yens par an seulement (une misère) je devrais pouvoir retourner à Tokyo pour y continuer mon grand oeuvre. Amis sponsors, fans et inconditionnels, faites-vous connaître et à bientôt qui sait…
Avec sa conduite à la parisienne, elle slalomait entre les véhicules, sûre d’elle et de son bon droit à devancer les uns et les autres, sans façons ni prudence. Voilà une voiture qui n’apprécie guère ses manières et lui grille la politesse. Une queue de poisson ? Autre chose ? Qu’importe ! Notre kakou commence à bouillir, elle rejoint les chauffards à un feu et s’empresse de cogner les portières en hurlant une belle bordée d’injures (en français). Quelle imprudence ! Mais pourquoi donc n’a-t-elle pas repéré plus tôt les vitres teintées qui se baissent doucement et laissent apparaître les visages de… yakuza. Stupeur et tremblements. Notre conductrice bredouille de pauvres excuses et s’esquive aussitôt sans demander son reste. Trop tard. Elle est prise en chasse par la voiture qui la poursuit dans tout Tokyo. De peur, elle se réfugie au koban espérant de l’aide. Peine perdue. Devant quelques policiers impassibles, plusieurs hommes en noir l’attrapent par les cheveux et la traînent dehors où elle est rouée de coups et où l’on exige qu’elle donne sur le champ les noms des membres de sa famille et son adresse. On leur fera la peau, salope ! La demoiselle est ensuite abandonnée sur la chaussée, tremblante et terrorisée. Heureusement la menace ne sera pas mise à exécution mais notre conductrice restera durablement traumatisée. On la comprend.
Cette légende, qui circule entre expatriés, nous apprend qu’au Japon, il faut savoir mesure garder. Par ailleurs, on m’a expliqué que cette femme avait eu de la chance. Si elle avait été un homme, elle aurait probablement été tuée.
Un proche ami français qui travaille au Japon (il se reconnaîtra) me racontait récemment que dans son entreprise, on affichait chaque mois les déboires des mauvais salariés dont on justifiait ainsi le prompt châtiment, soit un licenciement pur et simple. Sans doute vous demandez-vous quelle faute grave ces employés peuvent-ils commettre pour mériter une sanction aussi rude. Voici, pour votre gouverne, un exemple éloquent : l’un d’entre eux, certainement harassé de fatigue et de stress, termine sa journée par une soirée bien arrosée. Fin saoul, il rentre, par erreur, dans une autre maison que la sienne et finit par se retrouver nez-à-nez avec la propriétaire en petite tenue. Terrorisée, celle-ci s’empresse d’alerter la police qui accourt. Notre homme – qui, entre nous, est sans doute plus à plaindre qu’à craindre – non content de se retrouver au poste, termine sur le carreau. En effet, il a sali l’image de l’entreprise et ça… c’est impardonnable. Il est viré sur le champ et sa mésaventure est aussitôt placardée près de la machine à café. Chers lecteurs, hier, une vendeuse parisienne qui me remettait les conditions générales de vente liées à un abonnement téléphonique, m’enjoint de signer d’abord le contrat et de lire chez moi « la paperasserie ». Signer en aveugle, voici donc ce qu’elle me recommande ! Et, quand je lui demande de m’indiquer où sont les clauses de résignation, elle avoue naïvement n’avoir jamais lu document. Professionnellement parlant, n’est-ce pas au moins tout aussi grave que se tromper de maison en rentrant chez soi ? Heureusement pour elle, elle travaille en France et n’a donc rien à craindre pour son emploi.
Deux pays, deux poids, deux mesures ?
Loin du Kabuki et du Nô, je décide d’emmener quelques proches assister à une comédie musicale : The sound of music en japonais. Les paroles ne seront pas sous-titrées mais peu importe, nous connaissons l’histoire par coeur et il ne sera pas difficile de comprendre les paroles ou de reconnaître les personnages. Nous trouvons l’endroit, c’est au bien nommé Théâtre d’automne. L’enthousiasme nous fait frétiller et c’est à peine si nous remarquons le Guide des bonnes manières qu’une hôtesse nous glisse entre les mains. Las, la lecture de ce document clé nous aurait pourtant évité quelques rappels à l’ordre façon école de marines version US. A peine installés, en bons tatamisés que nous sommes devenus, nous sortons en effet… l’appareil photo. Quelle erreur ! Une hôtesse se précipite sur nous, pas question de prendre un cliché dans la salle ! Mais, arguons-nous, il n’y a personne sur scène, il s’agit seulement d’immortaliser l’ambiance. La tension monte, on sent que la dame va appeler les renforts (trois grands costauds minimum que nous imaginons forcément ceinture noire de karaté et armés jusqu’aux dents), nous posons l’arme du crime à terre. Le cerbère précise qu’il doit être placé dans un sac à l’abri des regards, nous nous exécutons. Le spectacle va enfin commencer. Bonheur. Il y a de vrais musiciens dans la fosse en contre-bas, je me penche pour les observer. Erreur encore ! Une autre hôtesse me tape sur l’épaule : il ne faut pas se pencher, mais se tenir bien droit sur son siège. Ah ? Je gêne donc ? Pardon. Je vous passe le descriptif de la première partie : les acteurs plus vrais que nature, le charme et la poésie de la mise en scène, l’émotion à fleur de peau et la musique… bref, une perfection qui nous enchante et nous touche. Chapeau. A l’entracte, pause pipi et boissons (l’un compensant l’autre), nous nous apprêtons à revenir à nos places quand l’hôtesse dite « oeil-de-lynx » nous accoste de nouveau. Interdiction d’emmener les bouteilles dans la salle. Mais, nous n’avons pas terminé, arguons-nous. Et, pensons-nous intérieurement, à 400 yens le Perrier, ça nous ferait mal d’avoir à jeter des bouteilles à moitié pleines. Taratata explose l’hôtesse, la règle, c’est la règle. Alors, proposons-nous, gardez donc nos boissons, nous les récupérerons après le spectacle. Arghl ! La miss s’étrangle, fume, et finit par céder. Mais elle nous tient à l’oeil, hein. Et attention : que les enfants se taisent et s’assoient au fond de leur fauteuil. La deuxième partie, comme la première, nous laisse pantois d’émotion. Le rideau tombe. Nous applaudissons à tout rompre, heureusement… ça, c’est permis.