Archive for juillet, 2011
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Qui eût cru qu’acheter un concombre serait l’acte de bravoure (ou d’inconscience) le plus exceptionnel de ma petite vie ? Tiens, vous qui avez subi le lavage de cerveau de nos amis les médias et qui avez soigneusement évité le curcubitacé espagnol injustement soupçonné d’être un tueur en série, vous connaissez la peur d’acheter et de manger. Eh bien ici, à Tokyo, cette crainte taraude devant chaque étale, chaque restaurant. Et en même temps… que faire ? Se nourrir exclusivement de conserves, de raisin du Chili, de boeuf américain et d’agneau de Nouvelle-Zélande ? Bonjour le bilan carbone ! Alors, on apprend à déchiffrer les kanjis des différentes régions du Japon et on décrypte péniblement les étiquettes. Je connais déjà celui d’Okkaido (parce que j’ai appris les directions à l’école de japonais – Okkaido, c’est « le chemin de la mer du nord ») faudrait voir à progresser…
On peut bien détester le football, qu’importe le sport finalement. Aujourd’hui, c’est une victoire particulière qui me touche au coeur. Dimanche soir, les Japonaises ont remporté la finale de la Coupe du monde de football contre l’équipe triplement championne des États-Unis, un succès qui dépasse largement la revanche du perdant de l’histoire passée contre le gagnant d’alors ou ce magnifique pied de nez fait aux hommes dont on dit parfois qu’ils sont plus grands et plus forts que l’autre moitié de l’humanité. Avant-hier, ces joueuses talentueuses et généreuses, vaillantes et endurantes, ont mis un terme au cercle des mauvaises nouvelles enclenché par le tsunami qui a ravagé le pays le 11 mars dernier. Elles ont prouvé qu’en se battant pied à pied contre les vents contraires, on peut déjouer les pronostics et foncer vers la victoire.
Les Japonais et médias nippons ne s’y sont pas trompés. Ils célèbrent désormais Nadeshiko Japan, cette belle équipe féminine qui a su offrir au pays bien plus qu’une victoire. L’espoir.
Impossible de manquer ces affiches qui nous somment de participer à l’effort national de maintien en activité des seules centrales nucléaires restantes. Pitié pas de surchauffe ! Pitié pas de blackout ! Il faut économiser. Je grappille donc un watt par-ci, un autre par-là. J’intime à mes enfants : pas de climatisation en journée, nous vivrons dans une étuve s’il le faut. Mais Dieu qu’il fait chaud ! Misère, quelle moiteur ! Je frotte mon cou et mon front avec le ruban rafraîchissant dont je vous parlais il y a peu, en maudissant le climat japonais. De leur coté, les entreprises ont pris des mesures drastiques. Pour niveler la consommation électrique, les week-ends ont changé : certains travailleurs seront de repos les jeudis et vendredis au lieu des traditionnels samedis et dimanches – ah ! ce n’est pas en France qu’on verrait ça, ou alors, il faudrait d’abord en passer par quelques semaines de grève dure. Quant aux congés d’été, fini le départ massif de tout le monde au mois d’août. Désormais, juillet accueillera aussi quelques vacanciers. C’est pas sympa ça ?
Pour le reste, rien de changé par rapport à mes derniers billets : moins d’éclairages publiques – ce n’est pas un mal – et beaucoup moins de trains en circulation dans la journée.
A l’incontournable visite du Meiji Jingu et à la foule compacte de Bic Camera, j’ai préféré le plaisir d’enfourcher mon vélo pour regarder, nez au vent, les passants dans leur balade, les ouvriers à la pause, et les écoliers en uniforme. Les petites maisons de mon quartier semblent bien calmes et mon coin de ville, alangui sous le soleil, est comme apaisé. Comment trouvez-vous la capitale ? me demandait mon professeur de piano. Ah Keiko ! si cela ne tenait qu’à moi, j’y vivrais bien quelques années encore !
Quand je rentre au Japon après une longue absence, je ne suis jamais déçue car je trouve toujours sur la table un petit paquet qui m’attend bien sagement. Hier donc, je découvre un accessoire des plus surprenants : un ruban qui se gonfle dans l’eau et qui se noue ensuite autour du cou. Étonnant mélange entre le brassard de natation et le foulard de scout, il promet de rafraîchir agréablement celui qui le porte. Et ça marche ! Par temps d’économie d’énergie généralisée (donc sans climatisation) et lorsqu’il fait 33° pour 90 % d’humidité… quel bonheur que de porter ce collier frais et humide. Petit défaut quand même… il vient des États-Unis. Amis japonais, qu’attendez-vous pour le copier ?