2 millions de Japonais et moi et moi et moi !
Chaque fin d’année, mon quartier se vide comme une baignoire dont on aurait subitement enlevé la bonde. En quelques heures seulement, commerçants, étudiants et restaurateurs disparaissent, ne laissant derrière eux que les chats sauvages, les corbeaux et quelques malheureux étudiants enchaînés aux caisses des combinis. Longtemps, cette absence subite m’a intriguée. Sont-ils en famille, avec leurs amis, au pachinko, dans des maisons closes me demandais-je. Eh bien non, chers lecteurs, en cette période de réveillon les Japonais sont… au temple (mais c’est bien sûr). J’ai fait les frais de cette découverte dans un lieu exceptionnel : le Fushimi Inari Jinja. Ce lieu de culte, près de Kyoto, est dédié au dieu du riz dont les renards seraient les messagers. Il est célèbre pour les dizaines de milliers de tori qui s’y alignent en un tunnel immense, dessinant un serpent rouge sur les flancs de la montagne. Appâtée par cette description je m’y suis donc rendue hier dans un esprit de recueillement et là… des Japonais à perte de vue. Des grands, des petits, des vieux, des bébés, des handicapés, des moches, des riches, des gros, des bizarres, des chevelus, des pas-vraiment-japonais (des touristes donc)… bref, ils étaient des millions avec moi à prier, acheter des amulettes, se faire prédire l’avenir, prendre des photos, allumer des bougies, manger de la barbe à papa, mâchouiller du poulpe ou lécher des sucettes Pokemon.
Si vous vous sentez un peu seuls en cette période de fêtes, je vous recommande donc vivement une petite virée au temple. Compagnie garantie.
(Et bonne année quand même !)