La tatamisation
Il existe ici un phénomène insidieux qui rend certains plus japonais que les Japonais eux-mêmes. Bien sûr, les yeux ne s’étirent pas en de longues fentes mystérieuses et les cheveux blonds le restent sauf à passer chez le teinturier. En revanche, le comportement évolue. Comme ça. L’air de rien. Moi, par exemple, je me courbe à 30° environ pour dire merci ou même au-revoir (finies les bises évidemment), je ne me risque plus à traverser en-dehors des passages pour piétons et j’attends sagement que le feu me soit favorable. Pour tout vous avouer, je fronce même les sourcils quand je vois certains contourner les règles (jeter un papier par terre, manger en marchant, fumer hors des zones réservées – un truc vraiment grave quoi) je pose mes poings sur les hanches avec un air totalement exaspéré ! Tiens, avant-hier, mon train avait 10 minutes de retard pour cause de neige délirante sur les voies. Peut-être pensez-vous que j’ai haussé les épaules en me disant « bah, ce n’est rien, l’essentiel est d’arriver à bon quai » ? Pas du tout ! J’ai bouilli intérieurement. Inadmissible, ai-je grimacé. Heureusement, j’ai parfois des relents de nostalgie qui me recommandent de m’inscrire d’urgence à un stage de ré-accoutumance aux habitudes françaises. Vous avez de bonnes adresses à me conseiller ? Je ferai passer à quelques proches tatamisés de ma connaissance.