Sans espoir
L’apprentissage des langues permet non seulement de communiquer mais d’en savoir beaucoup plus sur la culture du pays. Le résultat est d’autant plus passionnant ! Chez les esquimaux, par exemple, la couleur blanche ne se résume pas à un misérable mot, il varie selon qu’on y voit un peu de rose, de bleu ou de gris. Ainsi, au lieu de vivre dans un paysage d’une monotonie infinie, ils évoluent dans un monde en technicolor qui nous est paradoxalement inaccessible.*
En japonais, on utilise de nombreux mots qui n’ont pas d’équivalent en français ou pour lesquels il faut faire de longues phrases compliquées. Je vous avais parlé du karoshi (mort par overdose de travail), ce simple terme en dit long sur l’épuisement des salariés ici. Eh bien hier, j’ai découvert que le verbe « espérer » n’existait pas. Du moins pas à l’oral ! On ne peut pas dire « j’espère qu’il fera beau demain », on dira « je pense » ou « j’ai envie qu’il fasse beau demain ». J’en déduis que la notion d’espoir est étrangère aux Japonais dont le langage est rationnel, précis, articulé et nuancé. En même temps, cette découverte me rend triste et même me dés-espère.
* J’expose ici une théorie que j’ai entendue mais pas validée. Les experts en inuit me corrigeront ou préciseront si besoin.