Et ce tournoi alors…
… comment l’as-tu trouvé ?
Eh bien ma foi, riche en surprises.
En pénétrant l’impressionnant Ryôgoku Kokugikan, j’imaginais qu’il fallait faire silence, se déplacer doucement et prendre des airs de supporter pensif et introverti. Évidemment, j’avais tout faux ! Dans ce stade, c’est la vie qui prend ses aises. On se balade avec un bébé qui braille sans risquer l’opprobe, on grignote une brochette de poulet grillé, on ajuste son fond de teint, on discute le bout de gras, on boit une bière que l’on ouvre grâce au décapsuleur individuel mis à disposition dans chaque boxe (véridique), on prend des photos bien sûr, avec flashes et tripodes. Bref, l’ambiance est carrément bon enfant.
Et les combats ? Rapides. 20 secondes en moyenne paraît-il. Certains semblent instantanés, d’autres paraissent s’étirer indéfiniment dans le temps. Choc de titans, tension maximum, suspense haletant. Oui, c’est un peu comme dans les séries noires sauf qu’on ne sait jamais qui va gagner à la fin. Dans ce sport sans pitié, chaque lutteur met en effet sa vie en jeu au cours d’un match qui durera moins d’une minute. Et les retournements de situation arrivent ! Dimanche, c’est le modeste Goeido (membre du dernier rang de la première division) qui a battu le yokozuna Hakuho. Le premier, par son courage exceptionnel, se verra octroyer une pension à vie. Le second, champion suprême en titre, a eu droit à une volée de coussins envoyés des quatre coins du stade.
Enfin, en dehors du combat lui-même, les âmes sensibles seront peut-être retournées par les rituels qui le précèdent, notamment le lancer du sel purificateur qui fait retomber une pluie de grains blancs sur les lutteurs et l’arbitre. L’image est magique !