Le bento
J’assistais récemment à un cours de cuisine japonaise. Parmi les nombreux élèves, une charmante trentenaire avouait n’avoir jamais réalisé le moindre maki – ces rouleaux d’algues garnis de riz vinaigré au centre duquel on trouve du concombre, du saumon, de l’omelette ou de nombreux pickles locaux. L’organisatrice en profitait pour confirmer et se désoler : ah ! ces jeunes d’aujourd’hui, ils ne savent même plus cuir un oeuf ! Quel dommage ! Elle expliquait alors que les plats tout préparés étaient peu à peu en train de prendre le pas sur la cuisine familiale, préparée avec amour à la maison. Un vrai saccage !
Hélas, je dois reconnaître qu’elle a sans doute raison.
Ici, les bento (ces ravissants plateaux repas que le monde entier envie au Japon) sont si équilibrés, si joliment présentés, si appétissants et si bon marchés qu’il est tentant de ne plus toucher une casserole de sa vie. On les mange sur le pouce à l’heure du repas – bien calé sous une tonnelle recouverte de glycines dans le parc du coin – on les emmène dans le train, on les ramène chez soi, bref, on les adopte avec une facilité déconcertante. D’après ce que j’ai lu, il s’en vendrait 12 millions d’unités par jour. Pour autant, faut-il vraiment souhaiter que ce chiffre augmente encore ?