Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants
La littérature prend parfois de drôles de chemins de traverse pour nous atteindre.
En arrivant ici, j’ai voulu, par esprit de contradiction, lire « Un roman russe » d’Emmanuel Carrère. Celui-ci m’a emmenée vers Philippe Forest, qui m’a donné envie de découvrir Kenzaburô Ôe. Retour au Japon. Et découverte d’un conteur magnifique. Durant la seconde guerre mondiale, les garçons d’une maison de correction sont emmenés dans un village de montagne où sévit une épidémie mortelle et insaisissable. Sommés d’enterrer les carcasses pourrissantes des animaux décimés par la maladie, ils seront rapidement abandonnés à leur sort par les paysans. Au-delà d’une thème de l’enfance, c’est l’histoire de la fuite impossible que nous conte l’auteur. Fuir les mauvais traitements, fuir l’épidémie, fuir la guerre, fuir ses responsabilités ou fuir l’entrée dans l’âge adulte. Vaines tentatives ! On n’échappe pas à son destin. Et on peut bien être être aussi malin que le Petit Poucet, tous les chemins nous ramènent à l’ogre qui nous dévorera les entrailles.