Les caméras
Nous étions pourtant prévenus !
Sur ces dunes rebondissantes, il ne faut pas sauter, il ne faut pas courir, il ne faut pas manger, il ne faut pas porter de chaussures, il ne faut pas sortir son téléphone portable, il ne faut pas se battre, il ne faut pas hurler… Bref, les règles étaient clairement édictées, affichées en grand avec illustrations à l’appui.
Oui mais voilà, à force d’aimer la liberté, on finit par prendre des libertés (une tare bien française, à mon avis).
Les dunes étaient immenses et absolument vides. L’horizon était merveilleusement dégagé (pas un gardien dans le coin), les grands enfants qui m’accompagnaient ont foncé sur l’espace réservé aux élèves de maternelle. Bien mal leur en a pris. Que s’est-il passé à votre avis ? Quelques minutes après avoir gambadé sur ce fabuleux terrain de jeux, une voix tombe du ciel pour asséner quelques menaces bien senties : dites donc les mômes, filez aux dunes de votre âge ou attention à votre matricule (c’est une traduction personnelle) ! Quoi ? Comment ? J’apprends alors que, dans ce parc, toutes les aires sont surveillées par des caméras. A la moindre incartade, le surveillant fait ses remontrances par haut-parleur interposé. Le système est d’une efficacité redoutable car les petits malins se replient aussitôt, honteux d’avoir été pris en flagrant délit. Nous pensons être tranquilles pour un temps quand la voix sans visage sermonne de nouveau : que les personnes dont les vélos sont mal garés se dépêchent de les mettre au parking sous peine d’amende. En une seconde, ma fine équipe et moi-même filons récupérer nos deux-roues près desquels se tiennent déjà deux responsables du parc, pas contents du tout. Nous partons donc, piteux et confus, en regardant à les branches des arbres où nous devinons la présence sournoise d’innombrables caméras.