La cancre
Quand je suis arrivée, ma voisine m’a tout de suite poussée à prendre des leçons. Après avoir pris du yaourt liquide pour du lait et goûté l’affreux résultat de ma méprise le matin dans mon café, j’ai rapidement constaté par moi-même qu’une maîtrise minimum de la langue était une question de survie.
Je me suis inscrite dans une école.
Là, formidable ! Une prof cool, une camarade toujours partante pour rigoler et un garçon tranquillement assis sur ses quelques connaissances et peu enclin à travailler. Avançant doucement mais sûrement, je me sentais progresser avec plaisir.
Depuis la rentrée dernière, tout a changé. Mon nouveau professeur avance pire qu’un shinkansen en retard, mes camarades de classe ont des années de japonais derrière eux, sans compter qu’ils travaillent immergés dans la langue et qu’ils côtoient certainement de charmantes demoiselles douées pour les échanges culturels.
Résultat, je sue sang et eau pour apprendre mes kanjis et j’en ferais des cauchemars toutes les nuits. Pour couronner le tout, mon prof, au lieu de s’enquérir délicatement de mes difficultés éventuelles, me demande vingt fois par leçon si j’ai bien compris et si je n’ai pas de questions.
Parfois, j’ai des envies de meurtre.
PS : Je passe un examen dimanche (le JLPT 4), cela explique mon état, n’est-ce pas docteur ?